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Le HCE épingle le système éducatif dans son rapport 2024

Publié le 30/01/2024

Face à la reproduction des stéréotypes de genre, quelle place tient l’école ? Dans son rapport publié fin janvier, le Haut-conseil à l’égalité (HCE) n’est hélas pas très positif à ce sujet. Dès les premières ligne, l’on apprend que le sexisme est « inoculé dès le plus jeune âge dans les trois incubateurs les plus puissants de la société : la famille, l’école et le numérique ».

L’école, plutôt que de lutter contre le sexisme, « perpétue les inégalités, malgré la mixité ». En effet, si le rapport pointe l’habituel rôle des parents, des jouets stéréotypés et le rôle dévastateur des réseaux sociaux imposant des clichés au quotidien, c’est selon le HCE à l’école que tout se cristallise.

L’école reproduit les inégalités et ancre le sexisme dans les consciences

Une personne sur deux dit que femmes et hommes n’y sont pas traitées de la même façon. L’école est d’ailleurs perçue comme de plus en plus inégalitaire (+11 points en deux ans). Les biais sexistes y sont reproduits, les filles y sont plus sujettes à une discrimination liée à leur tenue vestimentaire et doivent adopter des stratégies d’évitement. Le partage de l’espace leur y est très défavorable.

Et, les personnels, selon les enquêtes, traitent différemment les élèves en fonction de leur genre. Les garçons sont ainsi plus poussés à réussir alors que les filles sont davantage protégées. Les imaginaires diffusés sont également genrés dès le plus jeune âge, les orientations scolaires sont pleines de biais, les situations d’inégalités ne sont, la plupart du temps, pas traitées par les personnels et les séances d’éducation à l’égalité sont presque inexistantes.

Des préconisations qui rejoignent les revendications Fep-CFDT

Face à cela, le HCE recommande d’éduquer à l’égalité à travers un programme de sensibilisation et d’orientation effectif, continu et adapté. Il préconise aussi de réguler la présence et l’image des femmes dans le secteur du numérique.

La Fep-CFDT attend avec impatience les nouveaux programmes d’éducation à la vie affective et sexuelle qui doivent être effectifs à la rentrée 2024. Ceux-ci n’auront de réel impact qu’avec une réflexion de fond sur la place de toutes les éducations à la citoyenneté (EMC, EMI, EDD) dans le système éducatif. La réforme du collège qui s’annonce, centrée sur les savoirs dits fondamentaux, ne va pas dans ce sens. Le HCE préconise que ce programme soit assorti d’une obligation de résultats et d’un contrôle de son effectivité par un.e référent.e académique.

Mais sans une formation initiale et continue obligatoire sur l’égalité filles-garçons, l’action ne pourra qu’être limitée. Pour la Fep-CFDT, cette formation doit évidemment être réactivée et complétée régulièrement, s’affranchir de toutes pressions confessionnelles ou politiques et encadrées par les référent.e.s académiques et les cellules « valeurs de la république », que ce soit pour les personnels des établissements publics ou les enseignantes et enseignants des établissements privés sous contrat.

 

Des chiffres inquiétants, encore plus chez les jeunes

Ainsi, ce rapport montre que les stéréotypes de genre s’ancrent dans la société et que les réflexes masculinistes persévèrent chez les hommes jeunes. Par exemple, l’idée qu’il est normal que les femmes s’arrêtent de travailler pour s’occuper des enfants gagne 7 points et 9 femmes sur 10 ont déjà renoncé à des actions ou modifié leur comportement pour ne pas être victimes du sexisme.

Parmi les 15-24 ans, il y a un écart de 28 points entre les femmes et les hommes concernant le sentiment d’égalité dans la rue et les transports contre 8 points sur la tranche 35-49 ans. Et, les jeunes hommes sont de plus en plus nombreux à considérer qu’il est difficile d’être un homme dans la société actuelle ou à avoir le sentiment d’avoir été moins bien traités en raison de leur sexe.

Et, le HCE observe une imprégnation plus importante de la division bien nette des rôles sociaux femmes/hommes chez les jeunes hommes comme chez les jeunes femmes.

Et, dans un continuum de violences, ce sont 9 femmes sur 10 qui déclarent avoir personnellement vécu une situation sexiste. 37% des femmes disent avoir vécu au moins une situation de non consentement.